Traumatismes des dents antérieures primaires et permanentes
Deuxième partie
Mécanismes d’action, épidémiologie, paramètres additionnels et
facteurs prédisposants
»Résumé
Lors d’un traumatisme buccodentaire, nous observons deux mécanismes d'action : le traumatisme direct et indirect. Du point de vue épidémiologique, le sexe de l’enfant, son âge et le siège des traumatismes constituent des paramètres importants. Certains jeunes peuvent être plus vulnérables que d’autres aux traumatismes dentaires en raison de facteurs prédisposants.
»Summary
When an oro-dental trauma occurs, two mechanisms of action are observed : direct trauma and indirect trauma. From an epidemiological point of view, the child’s sex, age and location of the trauma are important considerations. Certain children may be more vulnerable than others to dental trauma due to predisposing factors.
1 Professeur titulaire, département de santé buccale, Faculté de médecine dentaire. Université de Montréal
2 Chargée de clinique, département de santé buccale, Faculté de médecine dentaire. Université de Montréal. Pédodontiste, cabinet privé, ville de Montréal, Québec, Canada
3 Pédodontiste, cabinet privé, ville de Brossard, Québec, Canada
4 Chargé de formation et direction du programme de résidence multidisciplinaire, Faculté de médecine dentaire,Université de Montréal. Généraliste, cabinet privé, ville de Montréal, Québec, Canada
5 Chargé de cours, département de santé buccale, Faculté de médecine dentaire, Université de Montréal. Orthodontiste, cabinet privé, ville de Montréal, Québec, Canada
6 Chargé de cours, département de santé buccale, Faculté de médecine dentaire, Université de Montréal. Parodontiste, cabinet privé, ville de Montréal, Québec, Canada
7 Chargé de cours, résidence multidisciplinaire, Faculté de médecine dentaire. Université de Montréal. Prosthodontiste, cabinet privé, ville de Montréal, Québec, Canada
499 Journal dentaire du Québec Volume 42 Décembre 2005
Article scientifique
Traumatismes des dents antérieures ...
Mécanismes d'action des traumatismes dentaires
Il existe deux mécanismes d'action : le traumatisme direct et indirect1,2,3. Lorsque la dent même subit l’impact d’un objet fixe ou en mouvement, l’agent contondant pouvant être une chaise, une table, une poignée de porte ou autres4, il s’agit alors d’un traumatisme direct. Le traumatisme direct touche principalement les incisives du maxillaire supérieur.
Parmi les traumatismes indirects, citons le traumatisme à la mandibule qui se répercute aux dents du maxillaire supérieur en fracturant la couronne d'une ou de plusieurs dents postérieures (fig.1a et 1b) ou en fracturant la tête d’un condyle.
Epidémiologie
Les statistiques5
Figure 1a. Fracture coronaire simple de la dent 7.4 a) sexe : 1,5 garçon pour 1 fille
b) groupes d'âge : 1 - 2 ans et 11 - 12 ans
c) la dent la plus vulnérable : incisive centrale
supérieure
d) type de lésions : dents permanentes (fractures)
et dents primaires (luxations)
L’étiologie des traumatismes6 (figures 2a et 2b)
a) chutes 59,6 %
b) sports 11,3 %
c) bicyclettes 8,9 %
d) chocs 4,9 %
e) bagarres 3,4 %
f) accidents de la route 2,5 %
Figure 1b. Fracture coronaire simple de la dent 7.5 g) causes inconnues 9,4 %
Le sexe
Les garçons sont universellement reconnus comme étant une fois et demie plus à risque aux traumatismes buccodentaires que les filles, particulièrement des dents permanentes7,8. Ceci, vraisemblablement en raison des sports plus violents pratiqués par ces derniers.
L’âge
Berkowitz et coll.9 ont identifié trois périodes de la vie où l’on observe un taux plus élevé de traumatisme. Une première période se situe entre l’âge de 1 et 3 ans, une autre entre l’âge de 7 et 10 ans et une troisième période entre l’âge de 16 et 18 ans.
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Article scientifique
Traumatismes des dents antérieures ...
Figure 2a. Petite fille à tricycle dans un escalier
Figure 2b. Petit garçon en patin à roulettes
Figure 3a. Petite fille jouant au ballon
Le manque de coordination et de réflexes protecteurs prédispose le très jeune enfant aux traumatismes des dents primaires. Les chocs contre les bords de table et de chaise, contre des surfaces et objets durs et anguleux, tels qu’on en retrouve dans les salles de bain par exemple, et les chutes au sol à l’apprentissage de la marche, résultent parfois en accidents buccodentaires.
Quant aux dents permanentes, on attribut principalement les traumatismes aux sports d’équipe, aux accidents de vélo et de la route, ainsi qu’aux bagarres.
Le siège des traumatismes
Les traumatismes dentaires affectent certaines dents plus que d’autres, en raison de leur position. Les incisives supérieures sont plus fréquemment touchées, davantage que les incisives inférieures, tant bien pour la denture primaire que permanente. Dans de nombreuses situations, une seule dent est atteinte. Dans d’autres cas, par exemple les accidents de la route, on observe des lésions multiples.
Les lésions traumatiques de la denture primaire touchent davantage les tissus de soutien (luxation) ; les lésions de la denture permanente se manifestent majoritairement par des fractures, soit coronaires ou radiculaires.
Paramètres additionnels
Pour évaluer un traumatisme, il faut aussi prendre en considération les paramètres additionnels suivants :
✔ la masse et vitesse ;
✔ la direction du choc ;
✔ la résilience de l'objet ;
✔ la forme et dimension de l’objet.
Masse et vitesse
Les lésions des tissus de soutien parodontaux se manifestent lorsque la masse de frappe est grande et la vitesse faible, par exemple l'enfant qui tombe et heurte ses dents au sol. À l’inverse, lorsque la vélocité de frappe est grande mais la masse petite, comme dans le cas d’un traumatisme causé par un caillou, nous observons plutôt des fractures coronaires.
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